Ulysse LANQUETIN, mon arrière grand-père, est né en 1836 aux Longevilles Mont d’Or sous Louis Philippe. Il est possible qu’il ait été apprenti horloger chez MINARY, horloger aux Fourgs, commune frontalière avec la Suisse. Il épousa la fille de son patron, Philomène MINARY, et s’installa à Pontarlier. Il eut comme apprenti son jeune frère, Palmyr, mort à la bataille de Gravelotte. Une page de ce site lui est consacrée. Ulysse meurt le 1er octobre 1894 à l’âge de 58 ans à l’hôpital de Pontarlier d’un problème rénal.

Ulysse Lanquetin Horloger, lunetier et photographe

Il acheta d’abord une maison de la Grande Rue à Pontarlier et ouvrit son magasin à l’angle de la Place d’Arçon et de la Grande Rue. Il acheta ensuite l’immeuble du 4, Grand Rue. Un vaste ilot construit en pierre sous Louis XV après un incendie qui ravagea Pontarlier. L’îlot contenait 17 locataires : boucherie, café, marchand de vin, un petit jardin sur le Doubs, une cour dans laquelle tous les enfants de plusieurs générations jouaient. Son atelier était situé à l’arrière. Il était encore visible vers 1968 date à laquelle je le visitais avec ma fille Christine. Depuis, l’immeuble classé insalubre a été détruit (2005) pour y construire des logements plus confortables. Seule la façade en pierre qui date du 18ème siècle a été conservée. On voit toujours sur la porte les initiales U.L. en ferronnerie.

philomène lanquetin minary femme d'ulysse

On sait que la Franche-Comté comportait de nombreux foyers vivant de l’horlogerie. On fabriquait l’hiver des pièces d’horlogerie. Cette activité ne nécessitait que peu de place et avait une forte valeur ajoutée.

Le magasin d'Ulysse s’appelait "Au trésor de la vue" et était situé à l’angle de la Grande Rue et de la Place d’Arçon. La photo de son magasin (ci-dessus) date sans doute des années 1870. Cette photo est certainement l'une des plus anciennes photographies de Pontarlier.

La vie est faite de hasard. Lorsque j’habitais Sainghin dans les années 1980, un de mes patients était artisan originaire du Doubs, Monsieur PRETRE. Il reçut à son domicile un de ses parents horloger à Morteau. Les horloges PRETRE sont connues pour être les meilleures horloges monumentales (clochers, édifices publics).

Je rencontrais ce dernier qui me dit avoir réparé une horloge Ulysse LANQUETIN appartenant à la supérieure de l’abbaye de La Grâce Dieu à Chaux-les-Passavants (25). Lors d’un voyage en Franche-Comté, j’allais voir la mère supérieure qui malgré les règles strictes de son abbaye me montra l’horloge. Il s’agissait bien d’une horloge Ulysse LANQUETIN qui avait été fabriquée vers 1870 par Ulysse et achetée par les parents de la mère supérieure (photo).

Par une chance assez exceptionnelle ont été retrouvés dans les années 1950 les outils d'horloger et de lunetier d'Ulysse LANQUETIN. Ils étaient encore dans son atelier, petit bâtiment situé dans le jardin du 4, Grande Rue à Pontarlier. Le meuble d'horloger en bois de sapin aux multiples tiroirs contenait des boites en buis remplies de rouages, aiguilles, vis, ébauches, coqs de montre, cadrans, des boites en carton pour expédier les lorgnons qui portent l'adresse "Au Trésor de la Vue". Parmi les outils, on trouvait un tour à pivoter, des tournes-vis, des pinces, un tour d'horloger, lime, gabarit, polisseur, etc.

Très émouvant, un modeste outil avec les initiales PL. (photo ci-dessous). Il s’agissait d’un outil fabriqué par le frère d’Ulysse, Palmyr LANQUETIN alors apprenti. Palmyr devait peu de temps après être tué à la bataille de Gravelotte et devenir le symbole des morts inutiles de ce désastre.

Des outils identiques sont visibles au Musée de la montre à Morteau.