Georges Elie LANQUETIN, personnalité pontissalienne connue (président du comité des fêtes, commandant des sapeurs pompiers, conseiller municipal, distillateur d’absinthe, etc...) était fournisseur et ami de Pierre FOURNERET, propriétaire de l’Hôtel de la Paix, 10 rue de la Gare à Pontarlier. Leurs enfants étaient amis : Georges FOURNERET né à Pontarlier en 1893 et Marcel LANQUETIN né à Pontarlier en 1891.
Georges FOURNERET, orphelin à huit ans, fut un soldat très courageux en 1914-18 : trois fois blessé, multi-décoré, titulaire de la Légion d'Honneur pour fait de guerre, il avait fait partie en 1919 du corps expéditionnaire français en Orient, à Lattaquié, comme chef de cabinet du Général BILLOTTE.
A son retour en France, il fut nommé percepteur à Sampigny (Meuse). Il s’y ennuyait et téléphona à son ami d'enfance Marcel LANQUETIN alors directeur de cabinet du Ministre de la Marine marchande, place de la Concorde qui le proposa aux fonctions d’attaché parlementaire dans ce même ministère alors dirigé par Monsieur De CHAPPEDELAINE.
Le 13 février 1936, Georges FOURNERET invité à souper chez son ami Marcel LANQUETIN alors chef de cabinet du ministre de l’Intérieur Roger SALENGRO, s’y présenta légèrement blessé, les habits déchirés. Il venait de porter secours à une personne dans une voiture attaquée par les militants d’extrême droite qui assistaient aux funérailles de Jacques BAINVILLE, académicien. Ami de MAURRAS, dirigeant du journal d’extrême Droite « L’Action française », antisémite notoire, adepte des régimes fascistes d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie, Jacques BAINVILLE fut de ceux qui s’acharnèrent en 1936 sur Roger SALENGRO, maire de Lille, le poussant au suicide...
Lors des funérailles de Jacques BAINVILLE le 13 février 1936, le cortège funéraire avait provoqué un embouteillage dû à la vitesse peu élevée à laquelle il avançait. Malgré lui, Léon BLUM, dans une voiture à cocarde, se trouva pris dans le cortège funéraire. Selon le témoignage a posteriori d'un camelot du roi, « le leader socialiste fut frappé par les Camelots du roi parce que sa voiture voulait fendre le cortège funéraire de l'historien royaliste. Le véhicule conduit par Georges MONNET alors député eut l'imprudence de s'aventurer rue de l'Université, pleine d'une foule silencieuse». Des anciens Camelots, séparés officiellement de l'Action française, cassèrent la vitre arrière de la voiture de BLUM, ce qui le blessa au cou et à la tempe d'où une profusion importante de sang. L'intervention d'ouvriers travaillant sur un chantier voisin et de Georges FOURNERET à la carrure athlétique évita que le leader socialiste blessé dans l'incident ne fût lynché.
Les journaux informèrent le lendemain la France que Léon BLUM, homme politique socialiste et directeur du journal "Le Populaire" , avait échappé à un lynchage ! Mon père prévint le journal qui recherchait le « sauveur de Léon BLUM » qu’il s’agissait de son ami Georges FOURNERET ! Peu de temps après, Georges FOURNERET passa du ministère de la Marine à celui de l’Intérieur auprès de son ami de Pontarlier Marcel LANQUETIN.
Georges FOURNERET : le sauveur de Léon Blum










En 1936, le cabinet de Roger SALENGRO était donc composé de Georges FOURNERET, adjoint au chef de cabinet, de Marcel LANQUETIN, chef de Cabinet, et de Roger VERLOMME, directeur de cabinet, grand mutilé de 14-18 qui finit sa carrière en 1955 comme Préfet de la Seine après avoir été Préfet du Nord et de la Libération en 1944.
De l’amitié dans les carrières des hauts fonctionnaires...
Georges LANQUETIN
Contact : glanquetin@nordnet.fr