Les Gaulois (= Celtes de Gaule) l'utilisaient donc pour amener d'Angleterre l'étain aux sculpteurs Étrusques de Toscane actuelle ou de Grande Grèce (Italie du Sud). Preuve de ces échanges vers le VI ème siècle : les soldats grecs (hoplites) sur le vase trouvé à Vix (Côte d'Or) dans l'extraordinaire tombe d'une princesse (?) celte. Ils remontaient les vallées de la Seine, de la Saône puis descendaient le Rhône pour atteindre la Méditerranée. Mais ils pouvaient aussi passer de la vallée de la Seine vers le Jura par Jougne, évitant la Méditerranée et ses pirates, franchir le col de Jougne, pour rejoindre la plaine suisse et passer en Italie par le col du Grand Saint Bernard. Cela expliquerait peut-être la richesse des tombes celtes du plateau d'Arlier, près de Pontarlier, situé sur cette voie terrestre.
"Nos ancêtres les Gaulois" ayant rencontré dans leurs échanges commerciaux la civilisation gréco-latine, trouvent que "tous les chemins mènent à Rome", qu’ils pillent et envahissent en 376 avant JC. Certains poussèrent même jusqu'au trésor de Delphes, en Grèce, qu’ils pillèrent aussi ! Les Romains se rappelleront la prise de Rome et les humiliations infligées par les Gaulois. Ils furent obligés de « passer sous les fourches caudines », d’entendre « Vae victis ! (malheur aux vaincus) ». Les Romains le leur firent payer cher trois cents ans plus tard lors de la conquête de la Gaule !
La région des sources de la Seine, proches de Châtillon sur Seine (Vix), semble avoir été une des zones importante de déchargement des cargaisons d’étain (photo : lingots et bateau fluvial du musée d’Arles). Les droits de passage ont du permettre la création d’importantes richesses. Les Gaulois étaient ainsi en contact culturel et économique avec le monde gréco-romain dont ils enviaient la culture et les productions : vases, poteries, bijoux, armes, statuaire. Ils les achetaient et les plaçaient souvent dans leurs tombes pour leur vie ultérieure dans l' « au-delà ». Le corps du défunt ou de la défunte est placé sur un char démonté d’où le nom de « tombes à cher » donné à ce type de sépulture. C'est le cas de la tombe de Vix, où la "princesse de Vix" a tenu à être enterrée avec ses objets préférés : vase étrusque, coupe grecque, bijou d'or (torque) celte.... Dans la tombe, « le cratère de Vix), œuvre de fabrication étrusque, d’une hauteur de 165 cm, d’une contenance de 600 litres, ornée d’hoplites (fantassins) et de cavaliers grecs, accompagnée d’un « torque » (collier) typique des bijoux gaulois, pesant 1,670 kg d’or… Cela à l'évidence traduit un sens esthétique bien loin des clichés du rustre gaulois ignare. Oui, ils connaissaient le "Beau" et ne voulaient pas s'en séparer, même dans leur vie ultérieure !
Depuis sa découverte en 1996, le site du Mont Lassois (Vix), proche des sources de la Seine, fait l'objet de nouvelles fouilles et on découvre de nombreux témoins de cette civilisation : tumulus, remparts, tombes, etc. Il semble qu'il s'agisse en fait, dans cette région, des restes d'une civilisation celte mal connue (les Sénons ?) mais particulièrement évoluée et prospère. Mais, comme les Celtes, elle ne connaissait pas l'écriture et son souvenir s'est estompé. Elle revit grâce aux nombreuses découvertes faites depuis 1996 à Vix et autour.
Pour en savoir plus sur la route de l'étain et le trésor de Vix : https://georgeslanquetin.fr/histoire/TRESORVIX/vix.htm
Georges LANQUETIN
La route de l'étain


Pourquoi évoquer ce sujet dans une brochure destinée à nos ancêtres originaire du Jura ? Parce que parler des conditions économiques dans lesquelles ils vivaient permet d’expliquer leur mode de vie, le choix de leur résidence, etc.
On connaît l’utilisation massive du bronze dans le monde romain. Armes, statuaire, pièces d’harnachement et d’habillement, monnaies, le bronze est partout. Or, pour fabriquer du bronze, il faut du cuivre et de l’étain. Le bassin méditerranéen est riche en cuivre (étymologie de Chypre = cupros= cuivre), mais il n’y a pratiquement pas d’étain dans cette zone. Il faut donc le faire venir par exemple de Bretagne, d’Angleterre ou de Cornouailles. C’est la fameuse « Route de l’étain ». Le minerai traversait la Manche, voyage dangereux en raison du poids des lingots (photo), et arrivait soit vers la vallée de la Seine, soit vers la région de Boulogne, notamment à Quentovic près d’Etaples car le port de Boulogne sur mer abritait surtout la flotte de guerre romaine. Le port de Quentovic dont on peine à retrouver les restes en amont d’Etaples vers Attin ou Beutin fut actif jusque vers le XII ème siècle et on y frappait même des monnaies d’or !
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